Moineau, photographié par Michel Cunha
Le Conseil de Paris au chevet des moineaux
27 septembre 2016
Depuis les années 1960, la ville
des piafs a, de fait, vu fondre le nombre de « pierrots » Le nombre de couples
est passé de plus de 40 000 à « entre 5 000 et 10 000 » en 2010, selon
l’estimation des spécialistes de la Ligue de Protection des oiseaux (LPO).
Un
déclin alarmant dont les ornithologues du Muséum d’Histoire naturelle et de la
LPO pointent les raisons depuis déjà longtemps, craignant qu’il soit désormais
trop tard pour l’enrayer.
Olivier Païkine, ornithologue à la LPO de Paris-Ile-de-France : " Si l’on réagit et que l’on fait le nécessaire pour que les moineaux puissent se
nourrir et retrouver leur habitat, cela prendra du temps mais c’est possible ».
Parmi les causes de la disparition mentionnées par l'article cité ci dessous, il faut retenir le manque d'insectes non toxiques disponibles pour nourrir les oisillons de moineaux. Durant les premières semaines de leur vie, les oisillons de moineaux ont un besoin vital de protéines fournis par les insectes.
Il faut donc trouver un moyen de mettre à la disposition des adultes des insectes non contaminés par des poisons.
Disparition des cavités pour
les nids
La modernisation
du milieu bâti rend la nidification difficile pour de nombreuses espèces, les
anciennes bâtisses avec de nombreux recoins, failles et fissures ont diminué en
ville pour laisser la place à des constructions plus gérables et faciles à
entretenir, plus "lisses".
Additifs dans l'essence sans
plomb
Summers-Smith, a trouvé une corrélation entre le recul des effectifs de
moineaux dans les grandes villes et l'apparition de l'essence sans plomb: les
antidétonants ajoutés, l'alcool, l'éther et le benzène pourraient
influencer négativement la présence d'insectes en ville qui sont
indispensables pendant les premiers jours de la vie des jeunes Moineaux.
Comportement
Une autre étude de scientifiques écossais étalée
sur des années et menées sur 10'000 moineaux, indiquerait plutôt
un problème comportemental. Les moineaux ne se prépareraient pas
efficacement aux conditions hivernales, baisses de températures et raréfaction
alimentaire. Au lieu de prendre du poids avant l'arrivée du froid, les
moineaux maintiendraient leur forme afin de leur offrir une meilleure chance de
fuite devant des prédateurs. Les pesées indiquent que le Moineau domestique
n'augmente pas son poids de manière significative pendant l'automne.
Comment expliquer alors que cette raréfaction se produise maintenant, si ces
comportements sont innés ? L'étude, réalisée par le BTO et les universités
de Glasgow, St Andrews et Oxford, note aussi les changements du milieu, des
villes plus propres, ainsi bien que l'affermage intensif qui réduit la quantité
de grain renversé et de chaume d'hiver riche en graine, qui ont raréfié la
quantité de nourriture disponible durant la saison froide. Ainsi, pour
expliquer que le moineau a été plus affecté par ces changements que d'autres
espèces, les chercheurs estiment que les moineaux auraient été programmés
pour être plutôt mobiles que gras.
Raréfaction des insectes
Kate
Vincent, de Montfort University, Leicester, semble discerner un lien entre
le déclin de l'espèce et celui des nombreux insectes et autres invertébrés dont
les poussins de moineau sont nourris.
Dans leur première semaine, les poussins ont
besoin de protéines animales sous la forme de petits vers, mouches, aphids et
araignées, et comme de nombreuses autres espèces granivores, frugivores ou
omnivores, les jeunes moineaux sont nourris presque exclusivement d'insectes,
larves, etc.
Sur trois ans, plus de 600 nichoirs ont été suivis à Leicester et
environs de la ville. En été, un nombre considérable de poussins étaient morts
de faim dans leur nid, en grande partie dans la seconde couvée de l'année.
Autant de jeunes moineaux ne survivent pas à leur premier hiver.
Chaque année
l'espèce a besoin de deux ou trois couvées (de quatre poussins chacun) pour
maintenir la population à niveau. Si la deuxième couvée échoue, la population
commencera à décliner.
Vincent a trouvé un taux de succès de 80% dans la
première couvée, mais seulement un taux 65% dans la seconde. Bien que la
recherche de Kate Vincent ne prouve pas spécifiquement que les insectes et
autres invertébrés deviennent beaucoup plus rares en Grande-Bretagne en été,
cela est suspecté par d'autres chercheurs.
Néonicotinoides
Enfin
la piste la plus récente semble liée aux insecticides du type néonicotinoïdes
(Thiaméthoxame, Clothianidine, imidaclopride, Acétamipride, Thiaclopride et
Dinotéfurane et Nitempyrane interdits en France):
ces derniers sont
relativement récents, apparus dans les années 1990, et n'expliqueraient pas les
1ères observations du déclin. Ils sont désormais les plus utilisés dans
l'agriculture. Surtout connus pour être une des causes probables du déclin des
populations d'abeilles, leur effet sur les oiseaux pourrait être dévastateur.
Selon une étude US, une seule graine de maïs ou de blé traitée
pourrait provoquer la mort d'un passereau, avec une dose léthale de 41 mg/kg
(soit 0,62 mg milligrammes ou 620 μ microgrammes pour un moineau de
15 g). Trois de ces produits sont interdits uniquement pour les cultures
"attractives pour les abeilles" par l'UE, d'autres interdictions
locales peuvent exister comme dans certaines villes aux USA.
Vu les déplacements que peuvent effectuer les moineaux en recherche de
nourriture, allant picorer dans la campagne proche par exemple, cette piste
semblerait alors une des plus sérieuse si le déclin de cette espèce s'avère
confirmé.
Ici aussi l'effet de ces pesticides sur les insectes pourrait influencer
indirectement les moineaux et autres oiseaux qui s'en nourrissent, surtout lors
de la période de reproduction.
Chats
Pour
terminer, un danger qui touche tous les passereaux proches d'habitations, le
chat ! Eh oui, les chats sont de plus en plus nombreux avec la population
humaine qui augmente, même en ville un bonne partie d'entre-eux sortent, sans
parler de ceux qui sont à la campagne, qui passent une bonne partie de la
journée à chasser...
L'association belge Plumalia donne de précieux conseils pour accueillir les moineaux en ville.
Plumalia asbl - 141 Avenue de Mérode à 1330 Rixensart - +32 475 710 456 –
Président : Bruno MARCHAL
Voici comment réaliser un nichoir double
à Moineaux domestiques ou friquets, au départ d’une caisse en bois de six
bouteilles de vin de 75cl.
La caisse sera séparée en deux par une cloison.
Les deux trous de 32 à
35 mm de diamètre seront percés du côté le plus adéquat.
Ici, ils ont été
réalisés dans la grande face latérale.
Une paroi sera ouvrante pour nettoyer le
nichoir.
Ce nettoyage ne devra être fait que tous les cinq ans, voire plus. En
effet, les moineaux nichent de nombreuses années dans nos corniches sans
nettoyage.
Très important : Dans l’environnement des Moineaux domestiques, il faut du foin
d’une longueur de minimum 20 cm.
Cette matière première étant la base pour la
construction du nid de l’espèce.
Si vous n’avez que de la pelouse trop bien coupée
et entretenue dans vos environs immédiats, le Moineau ne pourra nicher pour
cette raison.
Il reste toutefois possible de placer dans un coin judicieusement
choisi, un peu de foin pour lapin par exemple, pour compenser ce manque.
Beaucoup mieux pour notre biodiversité, laissez un coin sauvage dans vos
jardins...
Deuxième point important : le Moineau domestique étant la parfaite
illustration d’une espèce "commensale" (tirant profit de la présence
de l’homme), il faudra le nourrir toute l’année impérativement.