Discours de la méthode : opinion ou impression ? opinion indépendante ?




Discours de la méthode : opinion ou impression ?



Notre profession a développé une méthode d'étude très formalisée, codifiée, sur l'expression d'une opinion.

Pour parvenir à se forger une opinion, en l'occurrence sur des comptes,  l'expert-comptable ou le commissaire aux comptes, doit avoir réalisé une série de travaux permettant :

- la réunion des données observées : les éléments probants
- la compréhension des données observées : la prise de connaissance de l'activité traduite dans les comptes, qui permet de comprendre les assertions et l'image donnée par la synthèse qui nous est présentée.

Tous les professionnels responsables appliquent ce type de méthode, plus ou moins explicitée par les textes régissant chaque profession.

Sans un tel approfondissement des observations faites, quel que soit le domaine, une personne a seulement des "impressions" sur un sujet, elle ne peut se forger à proprement parler une "opinion".

A défaut d'avoir les informations nécessaires à la formation d'une opinion, la seule opinion qu'il est possible d'avoir est ... qu'il est impossible d'avoir une opinion fondée, que l'on n'a jusqu'à présent qu'une impression sur un sujet, une opinion bien incertaine.


Lorsqu'un ou une commissaire aux comptes ou expert comptable n'a pas disposé des éléments nécessaires à la formation de son opinion, il doit refuser d'attester ou de certifier les comptes. Refus pour incertitude.

Toutes les professions n'ont pas ce précieux droit à l'incertitude.

Dans bien des situations, nous sommes contraints de décider et de choisir, alors même que nous ne disposons de toutes les connaissances qu'il nous faudrait.

Lorsque le dossier n'est pas " en l'état", un magistrat le renvoie pour plus d'instruction, lorsque il est possible de le faire. A défaut les magistrats ont l'obligation de trancher : le "déni de justice " leur est interdit.

Lorsque les médecins et soignants en général n'ont pas toutes les informations, ils sont également obligés de prendre des décisions.


Dans le domaine politique, une forme de terrorisme intellectuel consiste à faire croire aux citoyens qu'ils seraient privés du droit de ne pas avoir d'opinion sur tel ou tel sujet politique.

Il serait interdit de dire : " je ne sais pas".

L'argument donné est celui d'une prétendue évidence de l'opinion exigée. L'opinion contraire ou l'incertitude serait moralement mauvaise.
Cette forme de terrorisme intellectuel est un retour à la notion de crimes de mauvaise " foi ", de mécréance. Un retour à l'obscurantisme.


Personnellement, " je ne sais pas " quoi penser des OGM, car je connais si peu l'agronomie et la génétique que j'ignore la différence entre une Bouture et un OGM.

Même pas honte.


Discours de la méthode : opinion indépendante ?


La difficulté de se forger une opinion valable sur certains sujets tient encore au fait que certains savoirs sont l'enjeu de pouvoir. 

Sur ces sujets, il est impératif de ne pas se contenter, pour la prise de connaissance de tel ou tel dossier ou question, des textes publiés dans la grande presse ou dans les ouvrages de vulgarisation, mais de lire les ouvrages spécialisés des auteurs dont le sujet d'étude principal est ce thème précisément.

Image fidèle ... vous avez dit image fidèle.  Notion de base de notre droit comptable.  La simple évocation de ces mots déclenche un éclat de rire jaune lorsque l'on pense au traitement de certains sujets dans les médias ou dans les publications grand public ...

Qu'il s'agisse d'information comme de toute autre donnée ou bien mis sur le marché, il en va de même. Aussi, les médias et publications grand public vendent au public ce qu'il achètera parce qu'il en ressent un besoin ou un désir.

Image " wishful ", image correspond au désir présumé ou réel du public, mais certainement pas image fidèle.

Les chercheurs de " vérité " ou du moins les personnes prêtes à faire face à des réalités troublantes ou peu rassurantes doivent chercher ailleurs, plus profondément.

L'information réelle n'est nullement cachée la plupart du temps, elle est simplement engloutie sous un flot de répétitions grand public, qu'il faut oublier pour aller lire les ouvrages scientifiques approfondis des auteurs spécialisés.

Sur ces sujets, il est impossible de nommer un expert sans être soi-même expert à un certain degré, car le choix même d'un expert nécessite un savoir sur le sujet, afin de connaitre les influences ou éléments partisans pouvant intervenir dans les rapports qui seraient rendus par tel ou tel expert.
Pour savoir si l'opinion d'un expert peut être une opinion indépendante d'un parti pris, le magistrat ou la personne qui choisi l'expert doit elle-même avoir un minimum de connaissances du sujet.


Je pense à des sujets comme le nucléaire, le climat, les médicaments, la sécurité informatique, ou l'islam, ou la contraception : voir la conférence débat sur la pilule ici :
https://economieraisonnable.blogspot.fr/2017/07/rene-dumont-et-les-deux-milliards-de.html

Le problème de l'indépendance de l'opinion des savants est connu depuis fort longtemps. Le Talmud en tient compte lorsque les rabbins disent qu'un Sanhédrin doit comprendre des juges connaissant EUX MEMES la sorcellerie et les langues des 70 Nations, afin de pouvoir juger des affaires de sorcellerie qui leur seraient soumises.

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